Vie sociale et pragmatique
Coordinatrice : Marie-Renée Fleury (IML)
Membres : Samuel Tronçon (Résurgences), Pierre Livet (Résurgences),
Collaborateurs extérieurs : Jean-Baptiste Joinet (Paris 1), Claire Beyssade (IJN), Laurent Roussarie (SFL – Paris 8)
Contenu : il s’agit de constituer un corpus à partir de rencontres et de dialogues au sein d’une association et de mettre au point les outils (concepts pragmatiques, leurs incarnations dans le langage etc.) qui vont permettre de mettre en place un dispositif voisin.
Interaction et vie sociale
Les résultats du projet PRELUDE ont mis en avant l’utilisation des concepts de la ludique pour représenter les actes de langage (Fleury & Tronçon, à paraître, Livet, à paraître}). On peut semble-t-il étendre cette formalisation à d’autres types d’actes dans le domaine social. Le point crucial de ces approches réside dans le renoncement à tout recours à une norme posée a priori et dans le refus de considérer le concept d’intention comme primitif. Les actes de langage sont en premier lieu dialogiques : ils consistent dans des interactions entre desseins (c’est-à-dire aussi stratégies) des locuteurs. Mais alors que des approches en termes de jeux déjà existantes verraient les choses en termes de gains à espérer (et d’utilité), l’approche ludique met l’emphase sur la structure même du jeu (sa "géométrie"). Ainsi un jeu peut être vu comme un phénomène de polarité entre d’un côté un ensemble de desseins G dont dispose un participant et de l’autre un autre ensemble de desseins, G qu’on peut présumer "duaux" des premiers (par exemple si les premiers partent d’une base positive, les seconds partent d’une base négative et vice-versa). Un ensemble de desseins est "la règle" pour son ensemble de desseins dual. Par exemple, le fait qu’un locuteur possède dans son jeu un dessein poussant à l’abandon immédiat de l’autre locuteur oblige ce second locuteur à jouer un dessein particulier qui empêcherait le premier de jouer cette arme dissuasive. P. Livet a ainsi proposé des explications pour des actes variés comme la promesse ou l’excuse. S. Tronçon et M-R. Fleury ont montré comment des actions particulières peuvent s’expliquer en fonction des continuations attendues des desseins en développement, ce qui permet d’éviter la notion d’intention. On continuera dans le présent projet d’explorer cette démarche. De plus, nous nous appuierons sur le partenaire privé « Resurgences » afin de conduire des expérimentations en milieu social (enregistrements de dialogues, d’interactions dans un milieu de travail et/ou de formation). Les concepts interrogés et mis en oeuvre sont ceux de desseins et comportements, qu’on peut comparer aussi à la géométrie des obligations (Cardone, 2009) qui se représente de manière intéressante en termes de catégorie.